Comment sont conçus les programmes pédagogiques que vous proposez ? Ressemblent-ils à ceux de l’université publique ?
Tout d’abord, il faut préciser que l’autorisation de création d’établissements privés de formation supérieure est encadrée par un dispositif juridique rigoureux mis en place par le ministère de l’Enseignement supérieur, particulièrement l’arrêté n°1614 du 30 octobre 2016 portant cahier des charges, et l’arrêté n° 375 du 5 avril 2017 portant sur les attributions de la commission chargée d’examiner les demandes de création d’établissements privés de formation supérieure.
Ceci dit, les programmes pédagogiques sont proposés dans le cadre de la demande d’autorisation de création et font l’objet d’évaluation et de validation par le ministère. Nous avons, par exemple au niveau de MDI, un dispositif qui consiste à concevoir les programmes par nos équipes pédagogiques (en s’inspirant des programmes des grandes écoles et universités avec lesquelles nous avons des partenariats pédagogiques, comme par exemple HEC Montréal, ou l’université de Nice…) et nous les validons en interne par le comité scientifique composé non seulement d’enseignants, mais également de représentants du monde professionnel.
Ce sont ces programmes que nous avons proposés lors du dépôt de notre demande d’autorisation, qui a reçu l’avis favorable du ministère de l’Enseignement supérieur, puisque, comme vous le savez certainement, MDI fait partie des trois premiers établissements ayant reçu l’agrément du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.
Quelle est l’apport de l’enseignement supérieur privé dans le système éducatif global algérien?
L’essor de l’enseignement supérieur privé partout dans le monde est l’un des traits les plus marquants des dernières décennies. L’Unesco estime à environ 30 % le nombre d’étudiants de l’enseignement supérieur qui sont inscrits dans le privé. Si l’enseignement supérieur privé existait dans de nombreux pays (traditionnellement dominant dans des pays d’Asie de l’Est, comme le Japon, la Corée du Sud ou les Philippines), il ne représentait souvent qu’une petite fraction de l’offre globale de l’enseignement supérieur. Aujourd’hui il y a des pays où plus de 70 % des étudiants sont inscrits dans le privé, notamment l’Indonésie, le Japon, les Philippines et la Corée du Sud. Le secteur privé forme aujourd’hui plus de la moitié de la population étudiante dans des pays comme le Mexique, le Brésil et le Chili.
Les universités privées se développent rapidement en Europe centrale et orientale et dans les pays issus de l’ex-Union soviétique, ainsi qu’en Afrique. La Chine et l’Inde ont, elles aussi, un important secteur privé. Le secteur privé connaît une expansion en Afrique, où il fait l’objet d’une attention accrue (Afrique du Sud, le Maroc, la Tunisie…).
Il faut reconnaître que chez nous on a pris du retard, puisque la loi d’orientation sur l’enseignement supérieur qui ouvre au privé la possibilité d’investir dans l’enseignement supérieur date d’avril 1999. Ceci dit, ce qui est attendu de l’enseignement supérieur privé est avant tout d’exercer un effet d’entraînement dans la dynamique de changement que connaît le secteur : des programmes innovants, une proximité avec le monde de l’entreprise, une plus grande ouverture à l’international… Je pense également qu’un rapprochement entre les établissements publics et privés pourrait être un plus dans, par exemple, l’actualisation et l’amélioration des contenus de programmes, dans la recherche en entreprise…
Quelles sont les conditions dans lesquelles évolue l’étudiant (hébergement, restauration, nombre de places par classe ?
La mission principale de l’enseignement supérieur est de former l’élite : des compétences pour accompagner le développement économique de notre pays. L’enseignement supérieur privé doit s’inscrire dans cette optique. Pour cela, les conditions pédagogiques sont la priorité : un corps professoral répondant aux exigences des formations supérieures, des moyens didactiques et pédagogiques, un accès à la documentation scientifique : bases de données, revues et ouvrages, etc.
Donc les questions d’hébergement et de restauration deviennent «marginales» par rapport à cette préoccupation essentielle qui est en réalité la vraie mission «sociale» de l’université. Quant aux coûts pratiqués, cela relève de la politique tarifaire de chaque établissement. Et là j’ouvre une parenthèse pour dire que dans d’autres pays des dispositifs d’exonération fiscale, de prêts bancaires bonifiés existent pour permettre à une très large population de suivre la formation dans ce type d’établissement.