Le collectif pour la sauvegarde du patrimoine scientifique de l’université d’Alger et pour la mise en valeur et l’enrichissement du patrimoine naturel de l’Algérie a émis une nouvelle déclaration sur l’avenir de cet établissement, dont les richesses scientifiques et patrimoniales connaissent une importante détérioration depuis des années.
En 2016, la communauté universitaire s’est mobilisée afin d’élaborer un plaidoyer pour le classement de la «fac centrale» (Université Alger 1) comme patrimoine national. «A la suite de cette mesure prise par M. le ministre de la Culture, de nombreuses démarches auprès des administrations de tutelle se sont poursuivies, tandis qu’au sein de l’université d’Alger, le débat et la réflexion sur la question du patrimoine scientifique ont donné lieu à un cycle de conférences organisées dans le cadre d’un projet Unesco consacré à l’inventaire des collections de paléontologie.
En plus de l’inventaire des fossiles, un recueil des conférences et un compte-rendu du séminaire organisé dans ce même cadre, ont été réalisés (cf. fig. 1 & 2). Des travaux sur les richesses du musée de paléontologie ont été publiés ou sont encore en cours de publication.
Un article sur Les collections de géologie déposées à l’université d’Alger : un condense de l’histoire géologique de l’Algérie fut publié dans le bulletin n°2 de la faculté des sciences (U1)», lit-on dans le communiqué, en rappelant que cette période a vu «la numérisation partielle du bulletin de la Société d’histoire naturelle d’Afrique du Nord (1909)».
Par ailleurs, le collectif souligne qu’un document a été élaboré pour encourager la création d’un pôle muséal au sein de la fac centrale et expliciter son rôle dans la préservation et l’enrichissement du patrimoine naturel et scientifique «Il a été remis à toutes les instances compétentes pouvant être engagées dans son soutien. Des lettres de recours ont été introduites auprès de la DGRSDT et du MESRS (juin 2016) pour le maintien du projet de pôle muséal et l’ouverture d’un débat quant aux suites à donner à ce projet».
Dans la même année, des travaux «de restauration» ont été engagés sur le site par des entreprises «non spécialisées dans la restauration du patrimoine», rappelle le collectif dans le communiqué, en précisant qu’en dehors d’un plafond du musée de géologie, qui était tombé depuis plusieurs années suite aux infiltrations et qui a été réparé lors de cette opération, «les travaux engagés sont essentiellement consacrés à des locaux (locaux administratifs, bureaux de chercheurs, magasin et atelier, archives météo et bibliothèque) confisqués au projet de pôle muséal au profit de la faculté des sciences sur le site de la fac centrale».
Danger
Par ailleurs, le constat des travaux effectués est assez amer, puisque le collectif a constaté que l’entrée du musée de géologie et du laboratoire d’écologie est encombrée, ainsi que le passage aux laboratoires qui est obstrué. Aussi, au niveau du jardin «mexicain», l’entrée de l’ex-laboratoire de géochimie est obstruée et on observe des fuites d’eau.
Les produits chimiques de l’ex-laboratoire de géochimie sont abandonnés en plein air, ce qui représente un danger potentiel d’utilisation de ces produits (à la portée des jeunes étudiants), en ajoutant à cela de nombreuses fuites d’eau et infiltrations, les documents scientifiques de la bibliothèque de botanique n’ont pas été numérisés et ont subi des détériorations suite à la chute du plafond.
Le collectif pour la sauvegarde du patrimoine scientifique de l’université d’Alger a énuméré l’ensemble des dépassements et manquements lors de cette restauration. Il déplore l’absence de bilan, d’inventaire et de mise à l’abri des livres et collections «le classement de la fac centrale en patrimoine national n’a protégé ni les murs ni le matériel scientifique et technique qui s’y trouvent».