Selon une étude menée par le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA), entre 2012 et 2015, 61% des élèves n’avaient pas le niveau en math, sciences et lecture. Pourquoi ces matières spécifiquement ?
Si ces trois disciplines ont été choisies, c’est pour la simple raison qu’elles représentent le socle premier, la fondation de l’esprit. Les compétences qu’elles développent se retrouveront dans l’apprentissage des autres disciplines, qui elles aussi sont importantes dans la formation du futur adulte.
En fait,ces trois disciplines participent activement au développement des fonctions intellectuelles supérieures de l’élève, telles que la compréhension, l’analyse, la synthèse et l’esprit créatif. Elles sont aussi à la base de l’organisation et de la structuration de la pensée. Elles l’accompagnent tout au long de son évolution : du syncrétisme (infra-logique) à la pensée abstraite où l’élève pourra poser des hypothèses et effectuer des déductions.
Quelle doit être la démarche du ministère pour remédier à ce problème ?
Le ministère s’attelle à traduire dans les faits les recommandations de la Conférence nationale d’évaluation de la réforme organisée en deux étapes, en juillet 2015 et juillet 2016. Un axe majeur : la refondation pédagogique pour mettre fin au processus traditionnel parcœurisme/bachotage et ouvrir sur les méthodes actives favorisant l’épanouissement de toutes les facultés de l’enfant.
Parallèlement, il y a l’axe de la professionnalisation des personnels pour les mettre au niveau des exigences de cette refondation pédagogique. Un vaste chantier qui, malheureusement, se heurte aux pesanteurs idéologiques qui freinent la marche vers le progrès. Pas seulement dans l’éducation.
A bien y réfléchir, rien de durable ne se fera en dehors de deux conditions : réformer le système éducatif dans son ensemble en unifiant ses trois segments avec une seule Loi d’Orientation et non trois comme c’est le cas. Et octroyer un statut de pleine souveraineté au ministère de l’Education nationale, à l’instar de la Défense, de la Justice ou de l’Intérieur.
Faut-il revoir le problème des classes surchargées pour venir à bout de ce hiatus ?
Il est certes séduisant de travailler avec des groupes réduits d’élèves présentant un même niveau de difficultés et de déficits. Mais en réalité, le souci n’est pas là. Il faut peut-être revoir la manière de dispenser les cours.
Dans d’autres pays, en Scandinavie par exemple, la compétition entre élèves n’existe pas : pas d’angoisse, pas de pression, pas de stress, ni pour les élèves, ni pour les professeurs, ni pour les parents.
C’est une autre ambiance culturelle, très démocratique avec une pédagogie innovante facile d’accès et qui s’appuie sur le développement psychologique de l’enfant/adolescent. En Finlande, pas d’examens ou de notes à usage de sanctions, pas de redoublement – mais la remédiation est instantanée le jour-même avec un professeur spécialement affecté et formé pour cela (techniques de remédiation).
Il existe des techniques pédagogiques qui répondent aux besoins d’une classe surchargée. Par ailleurs, je tiens aussi à signaler qu’en Algérie les résultats médiocres sont enregistrés régulièrement par des établissements scolaires où la moyenne ne dépasse pas 15/20 élèves par classe. Et qu’à l’opposé des lycées, dont la moyenne est de plus de 30 élèves par classe, obtiennent du 100% de réussite au bac. Et sans les cours payants !
Ce sont des lycées situés dans des zones déshéritées du pays profond. Pas dans les centres-villes et nos «bidonvilles».