Le bureau national du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra) a décide de recourir à une grève de trois jours, hier lundi 18, mardi 19 et mercredi 20 décembre, pour dénoncer le «mutisme» du ministère de la Santé. «La grève de trois jours est ponctuée de sit-in dans tous les CHU du pays. Demain (aujourd’hui), un sit-in national est prévu au CHU Mustapha Pacha», annonce à El Watan un délégué du Camra, le docteur Mohamed Taileb.
Le Camra n’exclut pas, dans un communiqué, le recours à «un débrayage ouvert si jamais les autorités continuent à observer le silence et à négliger les revendications exprimées».
Une réunion s’était tenue, fin octobre, entre des représentants des résidents et le ministre de la Santé, le Pr Mokhtar Hasbellaoui. Les délégués ont reçu la promesse d’une réponse aux revendications, principalement le service civil, au bout de 15 jours. Le ministère s’est finalement contenté d’annoncer, par la voix de son service de la communication, l’installation d’une commission mixte santé-enseignement supérieur «pour étudier tous les points de revendication en rapport avec la pédagogie et les conditions de déroulement du résidanat, à l’effet de leur trouver des réponses adaptées et pertinentes».
Des responsables du ministère de l’Enseignement supérieur, qui ont accueilli, dimanche, des délégués du Collectif, ont montré la disponibilité de la tutelle à réviser le statut des résidents. «Le ministère affirme vouloir compléter notre statut dans le but de définir clairement la responsabilité des résidents. Le texte devrait permettre de consacrer le droit du médecin résident de refuser les heures de garde supplémentaires sans encadrement et de bénéficier du repos de sécurité», signale le Dr Taileb.
Une cellule de suivi de la pédagogie
Les délégués, qui ont réclamé le «rapprochement» vers septembre des dates de l’examen du diplôme d’études médicales spéciales (DEMS), ont eu gain de cause. «Les spécialités médicales dure 5 ans au lieu des 4 ans pédagogiques, alors que les spécialités chirurgicales durent 6 ans au lieu de 5 ans.
L’année d’étude se termine en septembre et l’examen (DEMS) se déroule en janvier. Durant toute la période de préDEMS et juste avant l’examen, les résidents sont contraints de travailler dans les CHU», regrette le Dr Taïleb. Le ministère a annoncé aux représentants du Camra l’installation d’une «cellule de surveillance de la réalisation des objectifs pédagogiques». Composé de professeurs et de représentants du ministère, cet organisme devra recevoir, entre autres, «les doléances des résidents», signale le délégué, qui affirme que l’objectif n’est pas de «critiquer» leurs responsables.
Les étudiants en médecine, en plus des sept ans de doctorat et du stage d’interne «très contraignant», sont obligés de prendre une année pour la préparation de leur examen de spécialité. «Après toutes ces années, les étudiants sont astreints à 3 ans de service civil obligatoire. Avec la période du recours, dont l’étude dure jusqu’à 9 mois, les résidents doivent attendre la remise de leurs diplômes hypothéqués par leurs directeurs. L’objectif des responsables est de limiter la fuite des médecins à l’étranger. Mais ils ne font que retarder cette échéance et fragiliser les étudiants», estime le représentant du Camra.
En grève depuis un mois, le Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra) réclame dans sa plateforme de revendications l’«abrogation» du service civil «dans sa formule actuelle». Il exige une dispense du service militaire au même titre que les jeunes citoyens algériens nés entre 1985 et 1987 et l’abrogation des notes internes du MDN, qui ne prennent pas en compte les demandes de dispense pour cause médicale ou pour soutien de famille. Le Camra se déclare également pour la révision du statut général du résident, qui les prive des avantages que peuvent avoir des étudiants ou des travailleurs.