Maàmar (55ans) est un candidat libre à la session du baccalauréat de juin 2018 à Chlef, qui a décidé, cette année, sous « l’impulsion » de son fils Hamza, également candidat au bac, de passer cet examen crucial avec la ferme résolution de le décrocher et de l’ajouter à son palmarès académique.
Ce fonctionnaire des monts de Beni Bouatab de Chlef passe son bac dans la même filière que son fils (lettres et philosophie), au centre d’examen de la cité Radar du chef lieu de wilaya.
Rencontré par l’APS au sortir des épreuves de langue arabe, le candidat libre paraissait optimiste quant à l’entame de cet examen, tout en discutant, très à l’aise, avec ses jeunes « compagnons » scolarisés, qui ne semblaient nullement gênés par la différence d’âge.
Interrogé sur les raisons à l’origine de sa décision de passer le bac et d’ « abandonner », pour un moment, son emploi et son village natal de Beni Bouatab, pour braver la chaleur suffocante de la ville Chlef, Maàmar n’a pas caché son ambition « d’étudier à l’université ». Un rêve qu’il n’a pu réaliser après un premier échec au bac en 1981, avant de s’orienter vers la vie active pour soutenir sa famille.
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Et de poursuivre : « ce premier échec ne m’a jamais fait perdre espoir. Et c’est ainsi que je me retrouve aujourd’hui, grâce aux encouragements de ma famille et de mon fils surtout, candidat libre à mon rêve (bac) ».
Se souvenant son fils, Maàmar s’excuse et prend son portable pour l’appeler et l’interroger sur ce qu’il a fait durant les épreuves de la matinée. Une fois son esprit tranquillisé, il renchérit en confiant que l’idée de passer le bac lui a été « soufflée » par son fils Hamza, qui l’a « convaincu d’entrer en compétition » avec lui, ce qui est à l’origine, a-t-il dit, de l’installation, depuis le début de l’année scolaire, d’une ambiance particulière au sein de sa petite famille. D’autant plus que l’idée a été fortement encouragée par son épouse.
« Mon fils a été d’un grand secours pour moi, car le programme des années 1980 est complètement différent de celui d’aujourd’hui », a-t-il ajouté, assurant que celui-ci (fils) l’a beaucoup aidé dans la révision des cours de philosophie, histoire et géographie. « De mon coté, je l’ai fait bénéficier de mes lumières en français », a-t-il tenu à préciser, non sans souligner l’importante contribution de son épouse dans la garantie de conditions idoines pour leurs révisions, d’autant plus que celles-ci (révisions) ont coïncidé avec le mois sacré du Ramadhan.
Interrogé sur sa capacité d’allier travail et révisions, Maàmar s’est contenté de dire que le « miracle de la volonté » n’est pas à négliger dans sa situation. Sachant que son petit village n’est pas connecté au réseau Internet, et qu’il a du recourir totalement à son fils pour actualiser ses connaissances, tout en remplissant ses engagements professionnels de façon ordinaire.
Avant de rejoindre la salle d’examen, Maàmar a fait part de son rêve de poursuivre des études en Droit, s’il arrive à décrocher son bac. « Même en cas d’échec, cette expérience aura été bénéfique à plus d’un égard, pour moi » a-t-il tenu à souligner, non sans exprimer son profond désir de décrocher le bac en compagnie de son fils.
Plus de 5.600 candidats libres passent leur bac à Chlef, sur un effectif global de 16.886 candidats, à cette session juin 2018, pour laquelle la direction de l’Education de la wilaya a mobilisé 64 centres d’examen, dont cinq pour les candidats libres.