Les métiers de l’environnement peuvent contribuer efficacement à l’insertion socioprofessionnelle des personnes en situation de handicap mental, ont démontré deux étudiantes de la faculté des Sciences biologiques et agronomiques de l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou, lors d’une journée d’étude sur le compostage.
Chelah Samia et Dehissi Samira qui préparent un mémoire de fin d’études (Master II, spécialité protection des écosystèmes) sur le compostage sous le thème « Essais de compostage et formation de personnes en situation de handicap à la technique » ont réussi à former aux techniques de compostage un groupe 11 personnes atteintes de troubles mentaux dont l’autisme, la trisomie 21 et l’insuffisance mentale allant de moyenne à sévère.
Cette formation théorique et pratique, d’une durée de deux mois et qui s’est déroulée au Centre psychopédagogique de l’Association des handicapés et leurs amis « Ahla » de Bouzguene, a permis de composter deux (2) tonnes de déchets organiques provenant du village Ahrik (commune de Bouzguène).
Les 11 jeunes ayant participé à cette expérience avaient préalablement reçu, de la part de leur éducatrice, des notions théoriques sur le compostage. Les deux universitaires ont renforcé cette formation par d’autres cours qui ont été appuyé par la pratique afin de leur permettre de mieux assimiler le processus de transformation de déchets organiques en compost (vérification du taux d’humidité et de la température, arrosage, aération et brassage), a-t-on appris de ce binôme.
Les ordures collectées ont été mélangées à trois types de déchets carbonés, à savoir des feuilles mortes de chêne Zen, du papier carton et du grignon d’olive du même volume et ont été placés dans trois composteurs, pour chaque type de matière carbonée, le premier a été arrosé avec de l’eau, le deuxième avec des margines et le troisième avec du lactosérum, ont expliqué Chelah Samia et Dehissi Samira.
Les composteurs utilisés ont été fabriqués avec du bois récupéré à partir de palettes, ont souligné ces deux étudiantes. « Le compostage, pas du tout couteux, permet de gérer entre 60% et 70% des ordures ménagères et assimilées, taux qui représente la fraction organique et augmente ainsi la durée de vie des Centres d’enfouissement technique, entre autres », ont-elles observé, en insistant sur l’importance du tri, à la source, dans la valorisation des déchets.
« Outre l’apprentissage de la pratique du compostage, cette formation a permis aux participants de développer l’esprit d’équipe ainsi que leur autonomie, tout en leur promettant une insertion sociale et professionnelle », ont ajouté les deux universitaires.
« Notre objectif est d’atteindre les recruteurs potentiellement intéressés, tels que les comités de villages qui ont des centres de tri et de compostage ou qui prévoient de s’en doter, afin de les convaincre d’envisager le recrutement des jeunes qui sont en train d’être formés aux métiers de l’environnement tel que le compostage et le jardinage et d’assurer un accompagnement à la promotion du compostage dans la région ».
« Les résultats de l’évaluation des 11 participants à cette formation ont révélé que ces derniers maîtrisent bien le processus de compostage.
Maintenant, il nous revient à nous de décider si nous voulons changer notre regard envers ces personnes qu’on dit +différentes+ pour qu’elles puissent s’affirmer dans la société et participer à la vie active de la communauté », ont-elles relevé.