Entre le prisme politique et les ambitions scientifiques
Les transformations actuelles dans les thématiques, les pratiques et les postures des jeunes chercheurs par rapport aux décennies 1980 et 1990 ont été au centre de la problématique d’un colloque inter..
Les transformations actuelles dans les thématiques, les pratiques et les postures des jeunes chercheurs par rapport aux décennies 1980 et 1990 ont été au centre de la problématique d’un colloque international sur la jeune recherche en sciences sociales et humaines au Maghreb, un événement organisé dimanche et lundi par le Centre de recherche en anthropologique sociale et culturelle (Crasc) à Oran.
En somme, et d’après les débats, le contenu et les thématiques choisies par les jeunes chercheurs sont segmentés entre le politique et l’ambition scientifique, et semblent être dictés ou influencés par plusieurs éléments, dont l’idéologique ou le milieu professionnel où évolue le chercheur, par exemple.
En effet, cette rencontre, organisée en partenariat avec les université de Béjaïa et Oran 2, a permis aux participants de faire l’état des lieux de la recherche jeune, à savoir celle des doctorants et des chercheurs associés, à travers l’exposé de travaux et d’expériences de tous les pays du Maghreb. Ainsi, l’absence de normes explicites pour la construction d’une politique de la recherche ou encore ce fossé entre le discours politique et la réalité sociale ont été identifiés parmi les contraintes et obstacles empêchant l’expression d’une recherche jeune sans ancrage idéologique. Pour Mohand Akli Faradji, enseignant-chercheur à l’université de Béjaïa, «il y a lieu encore d’examiner l’impact des discours politiques sur les orientations des langages sociologiques exprimés par la jeune recherche».
Ce chercheur a tenté d’analyser le rapport qui existe entre les choix dits ‘‘politiques’’ de la recherche académique en sciences sociales et le contenu sociologique développé au sein des institutions académiques. Il affirme que «le secteur de la recherche en sociologie est touché de plein fouet par les péripéties qu’à connues le système politique en Algérie et son corollaire, le discours idéologique». Et d’analyser : «Cette grande influence a profondément façonné les orientations de la recherche en sociologie depuis les doctrines post-indépendantistes jusqu’aux positions actuelles développées par les sociologies des années 2000.».
De son côté, Ousmane Wague, de l’université Al Asriya de Nouakchott (Mauritanie), explique que «le déficit en diversité, en qualité et quantité des institutions de recherche en sciences sociales s’est traduit en Mauritanie pendant plus de trois décennies par le manque de structuration et d’organisation de la recherche-développement-innovation dans des domaines considérés comme vitaux pour le développement du pays». Cette rencontre a été également l’occasion de présenter certaines expériences dans la jeune recherche, pour mieux s’enquérir de l’état des lieux, à l’exemple d’une intervention sur les jeunes chercheurs en anthropologie, cas des enseignants-chercheurs à l’université de Béjaïa.
Cette communication a permis de mettre en lumière la situation actuelle des jeunes chercheurs, en essayant de comprendre leurs trajectoires scientifique et professionnelle. «Il s’agit de comprendre à quel point la formation en graduation et post-graduation influence les choix des thématiques et quel est l’impact du milieu professionnel sur les sujets traités par ces jeunes chercheurs», explique Farid Assiakh de l’université de Béjaïa.
Par ailleurs, cette rencontre a permis de relever l’intérêt particulier porté par les jeunes chercheurs au patrimoine amazigh. Si des critiques objectives ont été formulées à cette occasion par les scientifiques lors des débats relevant notamment les aspects idéologiques, culturels et identitaire pour cerner l’engouement des jeunes chercheurs sur des thématiques liées au patrimoine amazigh nord- africain, le directeur de l’enseignement et de la recherche auprès du Haut-Commissariat à l’amazighité (HCA), Boudjemaâ Aziri, s’en est réjoui pour sa part : «Nous constatons un intérêt croissant des jeunes chercheurs algériens pour le patrimoine amazigh (…) des thèmes d’une certaines pertinence, comme le passage de l’oralité à l’écriture, de la poésie, du roman, de la musique et d’autres sujets sur le riche patrimoine amazigh préoccupent davantage les jeunes chercheurs. Cette dynamique de la jeune recherche scientifique à l’adresse de ce domaine est une opportunité pour faire avancer au mieux la recherche sur tamazight et en tamazight.»