Les meilleurs lauréats du bac se dissolvent dans le magma universitaire
Invité jeudi dernier au forum de la radio de Biskra, le docteur Brahim Mezerdi, professeur de mathématiques et vice-recteur de l’université Mohamed Khider (UMK) de Biskra, propose de fonder un centre d’excellence pour leur offrir la possibilité de les valoriser et des conditions d’apprentissage et de vie à la mesure de leurs compétences.
Invité jeudi dernier au forum de la radio de Biskra, le docteur Brahim Mezerdi, professeur de mathématiques et vice-recteur de l’université Mohamed Khider (UMK) de Biskra, a déploré l’absence d’une prise en charge effective et institutionnalisée des meilleurs lauréats du baccalauréat, lesquels sont laissés à leur sort et se perdent dans des filières universitaires au même titre que tous les autres étudiants.
Il propose de fonder un centre d’excellence pour leur offrir la possibilité de les valoriser et des conditions d’apprentissage et de vie à la mesure de leurs compétences. «Nous avons des prodiges en mathématiques qui sont abandonnés et se dissolvent dans le magma universitaire.
Notre devoir en tant que pouvoir public est de prendre en charge les meilleurs lauréats du bac pour les former, les préparer à leurs futures responsabilités et les encourager à rester dans leur pays. Après l’aspect quantitatif, il nous faut passer à l’aspect qualitatif.
En Algérie, nous avons 1,5 million d’étudiants dans les universités éparses sur le territoire national, mais la détection et la promotion des meilleurs éléments fait défaut», a-t-il soutenu.
Afin de réduire la dichotomie existant entre le monde du travail et celui de l’université offrant des diplômes académiques et théoriques à des milliers d’étudiants se retrouvant souvent sans travail à l’issue de leur cursus universitaire, l’hôte de la radio de Biskra suggère d’instituer des diplômes professionnels pour les secteurs à forts potentiels, tels que celui de l’agriculture, du tourisme, de l’industrie et des technologies de l’information et de la communication et de créer un institut de la datte.
«L’ouverture de l’université au monde du travail et de l’entrepreneuriat est une nécessité vitale afin que la somme des connaissances qu’elle recèle profite à toute la société et au pays. Elle ne peut évoluer en autarcie.
Elle doit être une pépinière de talents, de cadres et de techniciens qualifiés», a-t-il précisé.
Faisant preuve d’un sens aigu de la pédagogie, B. Mezerdi a répondu durant cette émission avec franchise et spontanéité aux journalistes à travers les questions desquelles il a déploré les fléaux gangrenant le monde universitaire: plagiat, népotisme, fraudes, absences, manque d’intéressement pour le livre et la lecture et déficit culturel chez les étudiants.
«L’Algérie a déployé des moyens colossaux pour permettre à chaque bachelier d’accéder à l’université. Nos étudiants sont choyés et gâtés. A eux de profiter de ce système, où l’enseignement universitaire est carrément gratuit pour tous. Ne crachant pas sur la soupe», a-t-il conclu.
A noter que l’UMK accueille cette année 32 582 étudiants, dont 177 ressortissants de 7 pays d’Afrique.
Elle compte 1330 enseignants et 1 099 employés techniques et administratifs. Elle offre des formations dans une cinquantaine de spécialités et elle est classée 7e au classement nationale des universités, instituts et centres de formation, a-t-on appris.